Aujourd'hui tu as 100 ans tout rond, tous beaux, tous fiers.
Je dis tu as parce que dans mon cœur tu es toujours là. Si tu savais comme tu fais partie de ma vie, chaque jour. Combien de fois je pense à toi, je t'entends me parler, me gronder quand je ne vois pas assez mes parents, ma sœur ou mes cousin.e.s. Je te vois t'ébahir devant les réussites de mon fils, rire à ses blagues, avoir les yeux humides devant certaines de ces victoires que j'aurais tant aimé te raconter... Mon livre, par exemple, tu en aurais été si fière... Il serait exposé en bonne place dans ton salon, entre deux des magnifiques photo que ma sœur fait et les dessins de tes arrières petits-enfants... Nos déjeuners du jeudi - qui parfois me voyaient traîner la patte, imbécile que j'étais, ignorante que le temps passe trop vite - me manquent tant. J'arrivais, tout ton appartement embaumait de ces merveilles que tu aimais me cuisiner. Tu m'embrassais fort, plusieurs fois de suite la même joue, bruyamment et tu me disais "bonjour mon bébé !" Je ne râlais plus, j'avais compris que je le serais toujours à tes yeux et, je peux te le dire maintenant, j'aimais bien ça, être ton bébé à toi, pour toujours. Je m'asseyais à la table que tu avais dressée pour nous, avec ta jolie vaisselle et des vraies serviettes. Tu me racontais ton plat, ce qu'il te rappelait, comment il fallait le faire même si tu savais que je ne le cuisinerai jamais... et immanquablement tu me parlais d'hier, mon grand-père que je n'ai pas connu, ta vie, ma vie, notre famille et ses aventures, l'Espagne, le Maroc, l'Italie... Mon père, sa sœur et ses frères... A t'écouter me raconter l'histoire de ma vie que je n'ai pas vécue, je perdais la notion du temps et revenais toujours en retard au bureau. Et quand j'étais en colère contre le monde entier, tu me rappelais que l'essentiel, c'était l'amour et qu'à ceux qu'on aime il fallait savoir pardonner tout le temps... Et tu avais raison, Nonna. Tu avais raison... Comme un clin d'oeil de la vie, je lis ces jours-ci un livre de Virginie Grimaldi dans lequel son héroïne appelle sa grand-mère comme nous t’appelons. Et chaque fois que je lis ce mot, je vois ton visage, je souris et j'ai le cœur qui se sert parce que ça me manque tant de ne plus le prononcer, ton nom. Elle écrit souvent à sa grand-mère pour lui raconter sa vie, Virginie. Je me dis souvent que je devrais faire pareil, mais en fait, c'est inutile : tu la connais, ma vie, de là où tu es. T'as vu ? C'est pas simple, hein. Mais je me bats, Nonna. Je lâche pas. Promis. Et ça marche, elle est pleine de bonheur, malgré tout, ma vie. Et j'essaie d'en donner aux autres. L'amour, toujours et par-dessus tout. Ton héritage. Pardonne-moi, ma Nonna, je ne viendrai pas au cimetière aujourd'hui. Cet endroit me rappelle ta mort et je déteste ça. Mais je ferai une tarte aux pommes et à la confiture d'abricots. Parce que je préfère me rappeler de ta vie et du bonheur. Je t'aime, ma Nonna. Et je sais que tu m'aimes aussi, Rassure-toi, je t'entends quand tu me le dis... Depuis toujours, les maths et moi, c'est pas l'amour fou fou. Enfin, précisément, depuis qu'on a quitté la dimension du 3+2 et du 15:3 pour entrer dans la dimension de la géométrie, de la trigonométrie, du COS, du SIN et du TAN de ta calculatrice (plus) scientifique (que toi) et de cette bon sang d'inconnue qu'il faut retrouver à tout prix, alors que si elle est inconnue, c'est peut-être pour quelque chose, tu vois... Faut peut-être la laisser tranquille, on sait pas, elle a peut-être pas envie d'être découverte, c'est son droit après tout ! Et ça se respecte !
Moi, je me suis simplement arrêtée en chemin en criant "allez-y les gars ! avancez sans moi, je vais vous ralentir..." Tu sais, comme les mecs dans les films de soldats que ses frères d'armes vont porter sur le dos jusqu'à l'hélicoptère qui les emmène loin de l'enfer de la jungle remplie de rebelles assoiffés de sang... Tu le vois le film ? Bon. Ben étrangement, figure-toi que tous les gens qui ont l'honneur de comprendre de quoi on parle quand on dit... euh... euuuuuh... ah ben non ! Du coup, j'ai pas d'exemple à te donner ! Forcément... J'ai pas gardé ça en mémoire. Bon mets ici le mot de maths un peu barbare que tu veux, de toutes façons, ça marche. Donc, tous ceux qui le comprennent, ce mot, ont en effet continué à avancer. Sans moi. Y'en a pas un qui a dit "noooon sister, si tu lâches, on lâche". Non, non. Ils ont dit "ah ben d'accord. bon ben bises !" et ils se sont barrés. Tous. En chœur. Sans ni ciller ni se retourner. Mais finalement, je ne suis pas morte ! Non, j'ai fait ma petite vie, tranquillement, loin de toutes ces opérations et réflexions épuisantes et je dois dire que ça a plutôt bien marché, hein ! Les maths, dans la vie de tous les jours, en dehors des proportions pour les recettes de cuisine - la règle de trois et moi on est #BFF - et les pourcentages pour les soldes (quoique, de plus en plus de magasins ont pris les gens comme moi en affection et nous fournissent généreusement des petits tableaux récapitulatifs du prix final après réduction) j'évite. C'est pas plus compliqué que ça. Et je vais bien ! Le reste des maths, j'avoue que... j'en vois pas forcément l'utilité dans la vie quotidienne. Notamment, les probabilités. Parce que bon, concrètement, dans la vie de tous les jours, les probabilités, tu t'amuses pas à les calculer, hein, on ne va pas se mentir. Sérieusement, qui a déjà pris le temps de réfléchir à combien de fois par an il choisirait un café frappé au lieu d'un expresso ou en quelle proportion le vernis rouge est utilisé par rapport au Ballerina ? Personne ! T'as chaud, tu prends un café frappé, t'as envie de rouge aux ongles, tu sors ton "red" d'OPI et basta. La vie, la vraie, c'est quand même ça. Les maths nous entourent, mais moins on en fait mieux on se porte. Sauf quand t'es arachnophobe et que tu habites dans une maison avec un jardin et un peu de verdure tout autour. Parce que dans ce cas-là, et en automne encore plus, y'a toujours un monstre à huit pattes qui arrivent à se faufiler dans TA maison à toi, sur TON mur à toi, dans TA chambre à toi. Et tu as beau militer pour la cause animale, ne plus consommer de protéines animales, te prendre la tête à trouver des cosmétiques cruelty free, bannir de ta vie les cirques avec animaux, quand ce truc avec beaucoup trop d’œil et beaucoup trop de pattes se retrouve dans la même pièce que toi, tu lâches illico ta Brigitte Bardot intérieure pour enfiler à la seconde tous les costumes des expendables réunis ! Et - juste pour que les choses soient claires entre toi et moi - quand je parle de monstres arachnéens, je parle pas de la petite araignée de jardin qui se blottit dans un coin de ta pièce et ne bouge pas du plafond jusqu'à ce que tu décides que c'est crade et passe l'aspirateur, hein ! Non non, je parle de ces trucs velus, gros et épais, qui se prennent pour Flash Mc Queen et font le diamètre de ton plat à tarte ! Tu le vois l'engin ? Celui qui te fait réfléchir avant de l’aplatir sur ton mur, parce que tu sais que personne n'en sortira indemne, mur y compris ! Eh ben, tu me croiras ou pas, mais quand un de ces trucs a fait une tentative d'effraction et s'est retrouvé au mur/plafond/sol de ma chambre et que j'ai hurlé et que L'Homme est intervenu et que ok, c'est bon, elle est partie, respire Marie-Anne, respire et que soudain je me rappelle qu'elles peuvent être partout, sans qu'on les voit, peut-être derrière mon dos pendant que j'écris ce billet en ce moment même et ben là, précisément là, soudain, les probabilités sont les meilleures amies que j'ai jamais eues ! Mes alliés absolus ! Le dernier rempart entre la folie profonde et moi. Parce que STATISTIQUEMENT, quand tu as vu une araignée aussi grosse, tu sais qu'il y a peu de chances qu'il y en ait une autre du même acabit ce soir. Et c'est l'unique raison qui fait que tu vas pouvoir dormir cette nuit. |
Après Lilli H. et Alter Endo, retour aux sources
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