la guitare sèche et le balcon (partie VII)
7/08/2013
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...
« ENCHANTEE,
MOI,
C'EST ÈVE »
|
Elle
fit une révérence, toujours aussi gracieuse, et Max lui répondit
par un hochement de tête. Puis elle leva l'index en l'air comme pour
dire attention et montra une deuxième feuille :
MAIS
SI TU ME PASSES
« ÈVE, LÈVE-TOI »
ON
VA PAS RESTER
AMIS
LONGTEMPS !!!
|
Max
sourit et lui fit un signe de la main pour préciser qu'il avait bien
compris. Il ne lui ferait pas cet affront. Ils restèrent là,
immobiles, à se regarder, sans plus rien dire ou faire... Sans doute
ne sachant réellement quoi dire ou faire... Mais le sort se décida pour
eux, et Ève rentra
précipitamment dans son appartement après
avoir levé une main pour lui demander d'attendre.
Il l'observa et vit qu'elle répondait au téléphone. Il attendit un
moment, puis elle
ressortit,
toujours avec le combiné en main, et lui fit
comprendre par une grimace qu'elle en aurait pour un moment. Il lui répondit par un OK résigné, puis pris son pc et rentra dans son appartement.
Il
alla boire un verre d'eau fraîche, regarda à nouveau par la fenêtre
en repassant devant, la vit papoter tranquillement, rire, ce qui le
fit sourire à son tour, puis il alla s'asseoir dans son canapé.
Ève...
Voilà qu'il connaissait son prénom... Le contact était établi...
Jusque là, il avait pensé que la jeune femme avait voulu lui donner
une leçon lorsqu'elle avait
passé cette chanson qui parlait de voisins et de voisines, lui
signalant qu'il était repéré et qu'il devrait arrêter ses petites observations. Pourtant
il semblerait qu'il se soit bien trompé. Elle avait au
contraire cherché
à attirer son attention. Et cela lui paraissait tout bonnement
incroyable. Il faut dire que Max n'était pas ce qu'on pouvait
appeler un tombeur, ni même un séducteur. Non pas qu'il soit laid
ou repoussant, quoiqu'il n'en savait pas grand chose au final, ou que
les femmes ne l'intéressent pas. Simplement il n'était pas
forcément très attiré par le jeu de séduction puisqu'il
l'obligeait à rentrer en contact avec les autres, et que les autres,
pour lui, aussi attirantes soient-elles, c'était l'enfer. Max avait
un mal de chien à comprendre ces autres, à interpréter leur
gestuelle, à trouver le double sens de leurs phrases, car
elles en avaient toujours un.
Et lorsque ces autres étaient au féminin, ça devenait carrément
impossible. Et puis ce trouble qu'il ressentait devant une femme qui
lui plaisait était pire que tout. Mauvais conseiller, mauvais
compagnon, mauvaise idée, définitivement.
Il avait bien
eu
quelques histoires d'amour, mais
toujours
parce que la dame était venue à lui, ne lui avait pas laissé la
possibilité de douter de ses intentions, et qu'elle avait pris les
choses en main. Il
se retrouvait alors embarqué dans ces histoires sans trop comprendre
ni comment ni pourquoi, mis à part les indices irréfutables que lui
donnaient ses hormones, et les vivait un peu comme un canot de
sauvetage reste à la surface d'un océan agité, c'est à dire en
suivant les reliefs de l'eau, sans réfléchir et sans prévoir. Une vague arrive, le
canot monte, elle repart le canot redescend. Et rebelote.
Une
vague, un creux, une vague, un creux, une vague, un creux...
Mais si aucun secours n'arrive jamais,
alors un jour, sans raison particulière, le canot finit par prendre
l'eau. D'abord un peu, une
éclaboussure, trois fois rien. Le canot tangue toujours, rassuré par l'inoffensivité de ces quelques gouttes. Puis un peu plus, une
vaguelette plus rapide que les autres, puis une deuxième, et une
troisième. Le canot
ralentit dans sa danse, a
de plus en plus de mal à
suivre de près les mouvements des
flots.
Alors
les vaguelettes deviennent chaque fois un peu plus rapides et agiles
que lui, et chaque fois elles l'inondent un peu plus. Et puis un
jour, c'est la grosse vague qui le submerge et le canot
coule, inexorablement.
Chacun de ses naufrages étaient pour Max un moment terrible de
remise en question profonde et qui aboutissait systématiquement à
la même conclusion : les autres restaient un mystère impénétrable pour lui
et il n'était pas armé pour les fréquenter de quelques façons que
ça soit. Alors il se repliait encore un peu plus sur lui,
réussissant à se persuader qu'il était tout à fait heureux ainsi.
Ceci dit, si l'on considère que s'éloigner des gens lui permettait
d'éviter les inévitables déceptions que leur compagnie lui
procurait, c'était vrai. Loin des autres, il était heureux. Son
dernier naufrage en date était plutôt vieux maintenant. Il avait
réussi à éviter les rencontres tentantes. Et c'était bien ainsi.
Les livres, sa mère, sa guitare. Peu de choses, mais un cœur
entier.
Et
puis ce balcon avait attiré son attention... Et puis Eve...
Soudain Max eut la sensation d'étouffer. Il se leva , attrapa ses clés
restées sur la table de la salle à manger et sortit précipitamment
de chez lui en claquant la porte de son appartement.Il
se mit à marcher très vite en direction des quais, si vite qu'il
courrait presque, arriva près du fleuve et commença à le longer en
direction du parc. A cette heure-ci, les enfants et leurs parents
étaient rentrés chez eux pour prendre leur bain et dîner, et les
fêtards n'étaient pas encore arrivés, alors il pourrait s'asseoir
en face du lac sans risquer d'être déranger. Il marchait si vite,
qu'il y arriva plus rapidement qu'il ne l'aurait cru. Il avait
raison, le parc était désert à cette heure-ci. Il
put choisir son banc favori pour s'asseoir et regarder tranquillement
l'étendue d'eau en attendant que cette vue familière
l'apaise. Les
idées se bousculaient dans sa tête, son cœur battait la chamade.
Il sentait que le canot était de retour, mais il n'en voulait pas.
Il ne savait que trop bien comme il souffrirait d'ici quelques temps,
combien il se sentirait moins que rien, quantité négligeable,
minable et ridicule. Et pour rien au monde il ne voulait revivre tout
ça. Rien. Ni personne. Pas même le joli sourire de cette jeune
femme. Ni ses cheveux longs, ni sa cheville fine. Ni même ses petits
sauts de joie, son éclat de rire ou ses révérences aussi charmantes soient-elles. Rien de tout
ça ne pouvait le convaincre de replonger. Rien de tout ça ne devait
le convaincre de replonger. Il
lui fallait absolument mettre fin à ce petit jeu, cesser cette
histoire avant même qu'elle ne commence. Il se savait fort
mentalement, savait qu'il pouvait se faire confiance pour résister.
Il lui suffisait de s'isoler un peu plus, de s'absorber dans un de
ses bouquins préférés jusqu'à disparaître de la surface de la
terre. D'ici peu, il reprendrait son travail et tout serait plus
simple, il n'aurait plus les mêmes horaires qu'elle et pourrait donc
l'éviter sans difficulté.
Rassuré
par cette décision qui lui semblait idéale, Max se détendit et se
laissa tomber contre le dossier du banc. Il ferma les yeux, inspira
profondément et lorsqu'il les rouvrit, il découvrit le spectacle
magnifique qu'il avait devant les yeux. Le soleil était en train de
se coucher et même s'il était invisible de là où Max était, il
colorait le ciel dans un rose orangé flamboyant
et teintait les nuages d'un jaune d'or incroyable. La surface du lac
était calme et paisible, pas un souffle ne venait en griffer la
surface. Les roseaux au
loin étaient
immobiles, rassurants. Les
bruits de la ville étaient étouffés. Les oiseaux tournoyaient
mollement dans l'horizon, les canards semblaient endormis sur l'eau.
Tout
ici était lénifiant. Puis,
venant d'une autre rive, le son mélancolique d'une cornemuse se fit
entendre. Max savait que quelqu'un venait souvent en jouer l'été, à
la tombée du jour, perdu dans ce parc, mais n'avait jamais croisé
le musicien. Pourtant, si ça avait été le cas, il serait allé le
remercier de ces moments de grâce qu'il offrait aux passants. Il
écouta longtemps le chant éraillé de l'instrument, et ne rentra
chez lui qu'une fois la nuit déjà bien avancée et la mélodie
terminée. Lorsqu'il pénétra
dans son appartement plongé dans l'obscurité, il distingua
clairement le halo lumineux des guirlandes colorées du balcon d'en face. Près
de la porte d'entrée, il y avait une commande générale pour tous
les volets. Il appuya sur la flèche du bas et le noir complet se
fit.
Dans les épisodes précédents :
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8 comments
En tant que membre honoraire du fan-club de Julie Pietri, je suis outré par cet épisode !
RépondreSupprimerhum... cher Lolo je crains que ton sens artistique ne soit choqué par l'intégralité de cette histoire... :/
RépondreSupprimerCe Max est ridicule !
RépondreSupprimerNous souhaiterions que vous citiez notre marque, lorsque vous décrivez le système de volets électriques de votre personnage Max.
RépondreSupprimerPourriez-vous nous contacter ?
Non, signez un partenariat avec nous ! Nos volets électriques sont meilleurs !
RépondreSupprimerNon, non, contactez-nous !
RépondreSupprimerrrhhoooo une personnalité aussi abimée ça promet des rebondissements ! J'adore ce moment de plénitude, de sérénité au bord du lac, je m'y serai crue ! Je me suis même prise au jeu et me suis détendue...
RépondreSupprimerThanks for writing this
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