Je suis dans le bus parisien.
Debout.
Faut-il le préciser ?
Chargée comme un mulet allant au marché un jour d’abondance, j’ai une valise à roulettes-à-sens-unique-sinon-c’est-pas-marrant, un sac à dos pesant trois sumos après leur repas, mon large sac à main si rempli que même une fourmi n’y entrerait pas et si lourd que je songe sérieusement à me mettre aux stéroïdes pour réussir à le soulever, et le manche de la valise de la meuf d’à côté qui est train de fusionner avec le gras de ma cuisse gauche. Le bus est bondé au point que certaines personnes ne sont plus tout à fait à la verticale. Il fait chaud, j’ai mal aux pieds, aux épaules, à la tête et je sue comme un bœuf.
A ce stade, j’envisage de créer une crèche vivante puisque j’ai déjà les deux bestiaux en moi, le petit Jésus braille juste derrière (et en même temps, je le comprends, je ferais pareil si je me moquais de m’afficher civilisée), l’ange blond me fixe lourdement, à moins de 5 cm de mon visage, en me racontant sa vie par phrases interrogatives et fractionnées étrangement auxquelles je ne sais quoi répondre, Joseph mâche mollement son chewing-gum un peu plus loin sur ma droite et Marie - enceinte jusqu’aux dents - respire façon petit chien en attendant que quelqu’un veuille bien lui céder une place assise. Mais comme les rois mages ne sont pas encore arrivés, forcément, tout le monde s’en fout.
Oui, je sais, c’est pas logique, Marie est encore enceinte et le petit Jésus braille déjà. Mais au moins, je suis prévoyante…
Bref, je suis pas joie joie, et j’imagine aisément l’apparence que je dois offrir à mes compagnons d’infortune qui - pour tout vous dire - ne présentent pas mieux que moi à cet instant. Vous voyez forcément de quoi je parle.
Et bien c’est là, précisément à ce moment-là, que soudain je pense à Christian Grey.
Incongru me direz-vous. Certes. Et je vous assure que ça n’a rien à voir avec le SM, bien qu’il faille se rendre à l’évidence : prendre les transports en commun à Paris est une initiation au SM. Et probablement une expérience de mort imminente.
Mais je m’égare. Christian Grey disais-je. Le beau, le glam, le chic, le toujours impeccable.
sources : fiftyshadesofgrey.wikia.com |
Le Grrrrrrr...
sources : marienightandday.blogspot.fr |
Le hou ! (coup de chaud)...
Ouais. Enfin surtout "le qui prend jamais - oh grand jamais ! - les transports commun !!! Même pas dans le ciel, Monsieur "j'ai mon hélico privé". Parce que tout paré de ses plus beaux atours, même avec du déo anti-stress, anti-tâche jaune, tâche noire, tâche verte ou rouge, et anti-humidité force méga giant, le Chrichtiane (ouais, quand Dakota le prononce en V.O., ça donne "Chrichtiane", vachement plus sexy non ?) si tu nous le mets dans le bus ou le métro parisien, il ressort tout froissé et luisant façon Gérard Languedepute (l'horrible personnage d'huissier tout en pellicules capillaires, dents pourries et cheveux hirsutes, inventé et incarné par Antoine de Caunes à l'époque de NPA) !
Et paf ! Fini le glam, le chic, le wouhahou et le nuage de parfum électrisant. Comme tout le monde quoi. Narmol, comme diraient les djeun's.
Alors ouais, en effet à ce moment-là j’étais pas Gisèlienne, ok. Mais je me disais que j'avais des circonstances atténuantes.
sources photo : quoi de news