La guitare sèche et le balcon. Part I

5/16/2013


Je me disais que je vous raconterais bien aussi des histoires ici... 



L'enfer c'est les autres...

Max referma son livre. Encore une fois il sourit. Combien de fois avait-il lu cette histoire. Combien de fois avait-il était emporté par le récit, imaginé les personnages et acquiescé devant cette sentence. L'enfer c'est les autres... C'était tellement vrai...

Max vivait dans une de ces villes grises et anonymes. Une ville qui aurait pu être n'importe où, dans n'importe quelle région de France tant elle était semblable aux autres : une périphérie faite d'anciens bâtiments industriels, de quartiers plus récents dans lesquels fleurissaient des magasins modernes avec parquets au sol et lampes intimistes pour faire oublier aux clients qui s'y bousculaient en fin de semaines qu'ils étaient quand même sous des toits métalliques, à reluquer des objets made in China vendus par de grands groupes industriels passés maîtres dans l'art de bluffer le client pour mieux le faire dépenser. Le centre ville était fleuri, piéton, mais n'empêchait pas d'y trouver des gens au visage fermé et au regard vide filant toujours plus haut pour éviter ceux qui étaient plus bas, sur du carton, les yeux baissés et la main tendue...

L'enfer c'est les autres...

Max travaillait dans un parking souterrain, il était gardien de voiture. Non pas qu'il n'ait pas eu les capacités de faire beaucoup mieux selon les critères de la société, mais Max n'en avait pas eu envie. Lui, ce qu'il voulait, c'était un travail tranquille, sans pression, sans chef qui lui hurlerait dessus que ses chiffres ne sont pas bons, que ses courbes doivent remonter et sans client aigri qui lui montrerait combien il était interchangeable. Un travail qui lui laisserait tout le temps voulu pour lire les innombrables chefs d’œuvres qui avaient été pondu depuis l'antiquité et qui émergeaient encore chaque mois. Un travail qui lui permettrait aussi d'observer les foules plutôt que d'y être plongé. Max avait fait le choix depuis toujours de ne pas être comme les autres, mais selon son cœur. Non pas qu'il refusât la société, simplement il ne voulait en prendre que ce qui l'intéressait intrinsèquement, sans céder aux sirènes du consumérisme et de son toujours plus. Grâce à un petit héritage, il possédait tout ce dont il avait besoin pour être heureux, et s'arrêtait là. Un toit, de quoi manger, de quoi dormir douillettement et au chaud, de grandes fenêtres et de grandes étagères en bois sur lesquelles entasser ce qui lui prenait tout son temps, ses livres. Pas de bibelot, pas de CD, pas de DVD. Juste des livres. Un ordinateur portable, petit et pas encombrant, pour se tenir au courant des dernières sorties littéraires. Et une plante. Une seule. Souvenir de sa grand-mère qu'il avait tant chérie et qui lui rappelait combien les « autres » pouvaient aussi ne pas être si infernaux... Il passa son doigt sur la couverture usée. Sourit en relisant le titre. Puis releva les yeux, les porta sur sa fenêtre, et les posa, comme souvent depuis quelques mois, sur l'immeuble d'en face, au travers d'une autre fenêtre...
(à suivre...)




Psst... Aidez-moi à développer ce blog en cliquant juste en-dessous sur un des petits boutons pour le partager sur vos réseaux sociaux ou en le recommandant à vos amis par mail ! 

You Might Also Like

5 comments

  1. Lolo from Lyons16 mai, 2013 11:21

    Très bon début, intéressant, qui pose bien les bases de la psychologie de celui qui semble être le personnage principal. Le Goncourt approche ! ;-)

    Juste une petite remarque (tu sais comme je peux être lourd parfois) sur une faute d'orthographe intéressante. Tu as écrit "Non pas qu'il refusa...", c'est en fait "Non pas qu'il refusât...". Car "non que" ou "non pas que" demande un verbe au subjonctif (comme tu l'as d'ailleurs bien écrit quelques lignes plus tôt "Non pas qu'il n'ait pas eu les capacités...").

    Mais c'est toujours agréable de lire ta prose ! Bravo MA !

    RépondreSupprimer
  2. Yes! J ai hâte de lire la suite! J ai été tout de suite dans le fil du récit ;-)
    Je me permets de te souffler que la phrase du "made in china" est du genre "fleuve" : on s essouffle un peu alors que le rythme du début est nickel ;-)
    Le décor est posé...
    Continue, j adore ;-))
    Bizzz

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. merci pour le soufflage ! je prends toujours les conseils... :)
      et merci pour le comm...

      Supprimer
  3. Excellent début avec un personnage qui s'avère atypique et attachant car monstrueusement à portée de main, dans lequel chacun retrouve quelque part une partie de lui-même tout en restant très mystérieux.... Mais qui ou quoi observe-t-il dans l'immeuble d'en face ???!!! Est-il fondamentalement bon ou mauvais ???!!! Tant de questions que je me pose et dont j'ai hâte de trouver les réponses !

    RépondreSupprimer

Popular Posts

Like us on Facebook

YouTube

Subscribe