La Guitare sèche et le balcon (partie IV)
6/11/2013
...une guitare, et distingua
une voix d'homme chantant :
« ...heure
environ... choisiras..., tu l'enfil'ras.. dans... champ
de vision...
ma fenêtre en face, j'caresse le plexiglas. Concurrence déloyale de
ton ... buée dense interrompt ma transe Puis des épais rideaux Et
c'est... Un.. façade
me
cache ta palissade... »
Il
n'en revint pas. Est-ce qu'il avait bien saisi les paroles ? La
voisine était rentrée chez elle, mais la fenêtre restée ouverte
continuer à diffuser la musique. Il tendit l'oreille :
« …
toujours préféré... voisines... j'ai.... préféré...
voisins... sines... » Max sortit carrément sur son propre
balcon, et entendit alors enfin plus distinctement « toujours
préféré aux voisins les voisines. J'ai toujours préféré aux voisins les voisines...»
Il
regarda encore une fois la jeune femme qui venait de ressortir, sa voisine donc, qui était
toujours souriante et la vit lui adresser un clin d'oeil avant de
retourner dans son appartement. Max resta coi, ne sachant quel sens
donner à ce qui venait de se passer... Il finit par aller s'asseoir
sur son canapé, toujours aussi perplexe, regardant régulièrement
par la fenêtre vers le balcon fleuri, se demandant si c'était
effectivement un message qui lui était adressé. Au bout de
plusieurs heures de tergiversations, il conclut que c'était
effectivement un message, que la jeune femme avait dû remarquer
qu'elle était observée et décider de le lui signifier ainsi, sans
colère mais avec humour. Pour autant, le propos était clair, il
était repéré, et il décida donc de ne plus chercher à observer
la demoiselle. D'ailleurs, il se demanda même comment il en était
arrivé à passer autant de temps sur cette lubie alors qu'il avait
tellement de bons livres qui prenaient la poussière en attendant
qu'il veuille bien reporter son attention sur eux.
Il
dîna en écoutant un peu de musique sur son ordinateur, puis choisi
un des bouquins qu'il avait récemment achetés, et se plongea dedans.
Voilà. Ce n'était pas plus compliqué que ça. Reprendre
tranquillement sa vie d'avant, là où elle était juste avant que ce
balcon ne débarque dans sa vie. Il s'était bêtement laissé
distraire, et avait perdu plusieurs jours de congés inutilement.
Tout ça pour quelques loupiotes colorées et une cheville se
balançant dans l'air. Vraiment !! Fallait-il qu'il soit faible
pour se laisser aller ainsi. Alors que lire, ça c'était quelque
chose de concret, de fiable. Les histoires avaient un début et une
fin. Et lorsque on en terminait une, on pouvait passer à la
prochaine, sans aucun risque pour soi, si ce n'est quelques
déceptions mineures liées à un mauvais choix... Chose qui lui
arrivait cependant bien rarement, puisque son expérience lui
permettait désormais de savoir très rapidement si le roman serait à
la hauteur de ses espérances ou non. Il lui suffisait de feuilleter
un peu l'ouvrage, de lire quelques passages au hasard à différents
moments (mais jamais à la fin pour ne pas prendre le risque de
tomber sur un indice qui lui donnerait une idée du dénouement de
l'histoire) pour savoir si effectivement il tenait entre ces mains un
objet de plaisir. Mais si un mauvais script arrivait à franchir
quand même cette barrière et qu'il le lisait (toujours jusqu'au
bout, par respect de l'auteur), rien de grave ne se produisait et il
l'oubliait aussi vite qu'il l'avait lu. Oui, lire c'était
effectivement une valeur sûre.
Alors
qu'il pensait à tout ça, il s'aperçut qu'il venait de relire
plusieurs fois la même page sans parvenir à en retenir un traître
mot et en conclut qu'il devait avoir sommeil. Il posa son livre,
éteint sa lampe, rejoignit sa chambre. Comme il faisait nuit, il
remarqua bien au passage que les guirlandes étaient allumées, mais
il ne tourna pas la tête et ignora superbement ce qui était encore
l'objet de toutes ses attentions quelques heures plus tôt...
************************************************
Il
tournait et retournait depuis plusieurs heures dans son lit sans
parvenir à trouver le sommeil.
Le
volet de la fenêtre de sa chambre était fermé, mais par la porte
il voyait les lumières colorées qui brillaient toujours dans
l'obscurité de son appartement. Il savait d'où elles venaient. Il
savait que ça voulait dire qu'elle n'était pas partie travailler.
Qu'elle n'était pas couchée non plus. Elle écoutait sans doute de
la musique... Peut-être une vieille chanson. Peut-être sa cheville
balançait-elle en ce moment-même au son d'un rythme créole.
Sirotait-elle un de ces breuvages dans ses verres fluo ?
Avait-elle relevé ses cheveux ?... Il n'arrivait pas à la
chasser de ses pensées. Il avait beau faire tous les efforts du
monde pour y parvenir, elle restait là, comme figée dans son
cerveau. Impossible de l'en chasser. De guerre las, il finit par
mettre un pied parterre et se lever, mais au moment précis où il allait entrer dans le
salon les lumières s'évanouir et il se retrouva dans le noir. Il se
figea. Resta immobile quelques minutes, puis...
(à suivre...)
chanson citée : "Les Voisines" de Renan Luce
Dans les épisodes précédents :
http://jemedisais2.blogspot.fr/2013/05/la-guitare-seche-et-le-balcon-partie-iii.html
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6 comments
Cette fois, il n'y a aucune faute d'orthographe ! (oui, ben j'ai envie de lire la suite...)
RépondreSupprimerdingue !!!! j'y suis arrivée !!! :) (oui, ben j'en suis ravie !)
SupprimerEt tu as des goûts musicaux merveilleux !
RépondreSupprimerpercevrais-je un brin d'ironie ?
SupprimerGros moment de peur : je me suis identifiée à ton personnage quand il dit lire les livres jusqu'au bout par respect pour l'auteur, même si ça n'en vaut pas la peine... Je fais ça aussi et je maudit cette habitude qui me fait perdre du temps devenu précieux...
RépondreSupprimerThankss for a great read
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